Monthly Archives: juin 2013

« Dans la peau de Sheldon Horowitz » de Derek B. Miller

« Dans la peau de Sheldon Horowitz » de Derek B. Miller

images-34Voici un roman beaucoup plus complexe et profond qu’il n’y parait lorsqu’on lit la 4ème de couverture . Bien écrit et facile à lire, ce livre promet d’accompagner agréablement vos moments de lectures de vacances.

 Sheldon Horowitz est un vieil homme juif de 85 ans déclaré sénile par sa femme, qui après la mort de celle-ci se voit contraint de quitter New York pour habiter à Oslo chez sa petite fille Rhea et Lars son mari norvégien. Ce grand-père râleur, bougon et ronchon critique tout ce qu’il découvre de la Norvège si loin de sa vie d’horloger juif en retraite à New York. Un jour, en l’absence de sa petite fille, il est le témoin d’une agression mortelle sur une jeune femme serbe accompagnée de son fils. Terrorisé et persuadé que l’enfant court également un danger imminent, il s’enfuit avec lui à travers la Norvège.

Telle est la trame de l’histoire, nous suivons alternativement, l’enquête policière, les recherches de Rhea et Lars, la fugue de Sheldon avec l’enfant serbe et les méchants Kosovars qui les traquent.

En parallèle, les chapitres alternent des flashs back avec le passé de Sheldon et c’est là que le roman prend tout son intérêt. Nous découvrons, dans des récits réels ou fictifs l’histoire de Sheldon, aux Etats Unis et durant la guerre de Corée. Mais surtout sa grande blessure, la mort de son fils lors de la guerre du Vietnam dont il se sent responsable.

La personnalité de Sheldon se révèle particulièrement complexe et attachante lors des retours sur son histoire et son passé . L’histoire juive pèse lourd dans ses choix, dans son départ pour la guerre de Corée, mais aussi dans le départ de son fils pour le Vietnam. La culpabilité, le mélange entre la fiction et la réalité, la dynamique narrative donne un roman très riche où l’intrigue n’est qu’une excuse à un questionnement plus profond sur les conséquences des guerres ( que ce soit la 2ème GM, la Corée, le Vietnam ou le Kosovo ) sur l’engagement des hommes et les répercussions psychologiques.

Je dois dire que j’ai mis un peu de temps pour entrer dans cette histoire et me dégager de la contrainte de l’alternance des points de vue et du temps. Mais au final il reste un personnage, Sheldon, extrêmement attachant par ses engagements, ses contradictions et ses excès dont il va payer le prix fort.

C’est donc un roman que je recommande entre polar et réflexion sur la guerre, entre humour et angoisse, entre enfance et grand âge.

Merci à Babelio, Masse critique ainsi que les éditions Les Escales pour m’avoir permis de découvrir ce roman.

Editions Les Escales, 2013, 417p.

Note : 4/5

 

« Long Cours » et « Bouts du monde, carnets de voyageurs »

« Long Cours » et « Bouts du monde, carnets de voyageurs »

Le printemps s’installe enfin, la chaleur estivale pointe le bout de son nez, les envies de vacances et de voyages aussi . En attendant de pouvoir partir ou si vous ne pouvez pas réaliser vos rêves d’évasion, je vous propose de découvrir 2 magnifiques revues de voyages. Ce sont des revues littéraires proches du concept de la fameuse revue XXI, proposant de longs articles avec des illustrations à base d’aquarelles ou de photos. Les deux se complètent ayant une approche différente du récit de voyage.

images-32La première « LONG COURS », propose des articles essentiellement rédigés par des écrivains nomades de toutes nationalités ou de grands reporters érudits avec une approche originale qui n’a rien à voir avec les magazines d’informations ou de tourisme. Chaque article est un vrai voyage dans un univers à la fois géographique et littéraire. Le numéro du printemps 2013 propose notamment :

-Chili, pays de ma mémoire par Luis Sépulveda

-Le patrimoine Syrien en danger par Hala Kodmani

-Adieu aux glaces de Sylvain Tesson

-Sur les chemins de compostelle par Jean-Christophe Ruffin etc.

 

 

 

images-33La deuxième « BOUTS DU MONDE », carnets de voyageurs, est une revue superbe avec une approche radicalement différente puisqu’elle propose des articles, des extraits de carnets de voyage de tout un chacun. Chacun d’entre nous qui voyage et sait rédiger peut proposer ses textes, photos et dessins. Cela donne des articles très variés, et originaux avec des approches très personnelles.

Le numéro 14 propose des articles sur :

-Zanzibar en vélo

-Buénos Aires

-Les Rickshaw-wallahs de Dhaka

-La Birmanie etc.

Les deux revues sont trimestrielles et s’achètent en librairie. Elles coûtent l’une et l’autre 15 euros pour 150 à 200 pages chacune.

Allez les regarder et les feuilleter vous ne le regretterez pas !

« La femme lion » de Eric Hansen

« La femme lion » de Eric Hansen

images-31Cette histoire dérangeante raconte la vie d’ Eva, petite fille norvégienne, née au début du XXème siècle avec une anomalie génétique rare, l’hirsutisme. Un abondant pelage doux recouvre tout son corps et la fait ressembler à un petit lionceau. Sa mère étant morte à sa naissance, son père un modeste chef de gare d’une petite ville de province, doit faire face au regard des autres. Il maintient enfermé sa fille chez lui afin de la protéger de la curiosité malsaine. Eva va donc grandir dans un univers de solitude et de lecture où son intelligence et sa sensibilité vont faire exploser les murs de son isolement.

Sa maladie fascine le corps médical qui va s’arracher l’étude de son cas. Son histoire bascule lorsqu’arrive la confrontation inévitable avec le monde extérieur. La méchanceté et la dépravation vont forger le caractère de cette jeune fille très attachante qui va se rendre compte de son pouvoir fascinant et finir par devenir manipulatrice de son entourage.

L’auteur arrive a traiter d’un sujet très délicat sans tomber dans le voyeurisme, l’exploitation facile des personnes souvent perçues comme des monstres de la nature. Il y a beaucoup d’amour dans ce livre même si celui ci n’est jamais exposé.

Ce roman n’est pas facile à lire, l’auteur a une écriture exigeante de son histoire mais l’effort de lecture est récompensé par une histoire que l’on ne peut pas oublier avec des personnages extrêmement attachants.

Éditions Gallimard,coll. du Monde Entier, 2011, 452p.

Note : 4/5

« Froid mortel » de Johan Theorin

« Froid mortel » de Johan Theorin

images-30J’ai toujours beaucoup apprécié les policiers/thrillers de Johan Theorin ( » L’écho des morts », « L’heure trouble » ou « Le sang des pierres » ), à chaque parution d’un nouveau titre de cet écrivain suédois, je me suis précipitée pour le lire et je n’ai jamais été déçue. J’appréciais particulièrement ces romans pour leur ambiance très particulière où la nature très présente est toujours un personnage à part entière. Les histoires des hommes étaient liées aux histoires des îles, des landes marines, des légendes…

Dans ce dernier roman, « Froid mortel », Johan Theorin nous projette dans une toute autre atmosphère.

Ce roman raconte l’histoire d’un jeune homme, professeur de maternelle/ puériculteur, qui postule dans une école maternelle bien particulière, puisqu’elle elle dépend d’un hôpital psychiatrique, l’hôpital sainte Barbe, qui héberge de dangereux malades mentaux. La direction a pour projet de ne pas séparer les enfants des parents internés, il y a donc cette école maternelle qui est mitoyenne de l’hôpital sans en faire partie vraiment, où se retrouvent les enfants des personnes internées. Un couloir souterrain la relie à l’hôpital et permet aux enfants de rendre des visites à leurs parents.

On va vite comprendre que Jan Hauger, le jeune professeur a un passé plutôt trouble et que ces motivations pour postuler à ce poste ne sont pas sans arrières pensées. Sa fascination pour se qui se passe de l’autre côté des barbelés, dans l’hôpital Sainte Barbe n’a rien à voir avec les enfants dont il s’occupe. Le passé de chacun des personnages va revenir à la surface et faire exploser des secrets inavouables .

Johan Théorin, nous propose une thriller psychologique dans un contexte complètement différent de ses précédents ouvrages et je dois dire que j’ai eu du mal à entrer dans celui-ci, à m’attacher aux personnages.

Il m’a fallu bien 200 pages (sur les 448p.) pour être vraiment accrochée et avoir le sentiment que l’histoire décollait et que je ne pourrais plus la lâcher.

Mes sentiments sont donc mitigés sur ce roman, déroutée par le changement de style de l’auteur et l’installation de l’histoire que j’ai trouvée trop longue, j’ai finalement été happée par les intrigues mais avec un certain détachement, peu d’empathie.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’auteur et voudraient le découvrir, je recommanderais plutôt « L’heure trouble » ou « l’écho des morts ». Je trouve plus d’originalité à son univers quand il fait du policier ancré dans la nature nordique.

Editions Albin Michel, 2013, 448p.

Note : 3/5