Monthly Archives: septembre 2013

« Dans le silence du vent » de Louise Erdrich – Rentrée littéraire

« Dans le silence du vent » de Louise Erdrich – Rentrée littéraire

images4ème de couverture : « Récompensé par la prestigieuse distinction littéraire américaine, le National Book Award, élu meilleur livre de l’année par les libraires américains, le nouveau roman de Louise Erdrich explore avec une remarquable intelligence la notion de justice à travers la voix d’un adolescent indien de treize ans. Après le viol brutal de sa mère, Joe va devoir admettre que leur vie ne sera jamais comme avant. Il n’aura d’autre choix que de mener sa propre enquête. Elle marquera pour lui la fin de l’innocence.  »

C’est la première fois que je copie une 4ème de couverture, mais cela me parait opportun avec ce livre, car pour moi il aura été un rendez-vous manqué. J’avais beaucoup entendu parlé de Louise Erdrich et j’étais certaine d’apprécier ce roman dont on dit tellement de bien. L’écriture est très belle, mais je ne suis pas arrivée à rentrer dans l’histoire et à être touchée par les personnages. Je ne dis pas que le livre m’a semblé mauvais, mais que cette lecture est arrivée pour moi au mauvais moment sans aucun doute. Au bout d’une semaine où chaque soir je repoussais la lecture je suis arrivée à la conclusion qu’il valait mieux abandonner en cours de route et le reprendre plus tard. Il fait parti de ces livres qui valent le coup de tenter une re lecture dans un état d’esprit différent.

je vous propose, pour vous faire une meilleure idée de ce roman, de lire la critique de Clara  ou d’écouter celle de France Inter …

Editions Albin Michel, 2013, 461p.

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« L’invention de nos vies » de Karine Tuil – Rentrée littéraire 2013

« L’invention de nos vies » de Karine Tuil – Rentrée littéraire 2013

images-47Samuel, fils d’intellectuels juifs ultra-orthodoxes, rêve de devenir écrivain; Samir, Tunisien d’origine, élevé dans les cités, rêve de la réussite à tout prix en tant qu’avocat; et Nina  est une beauté époustouflante mais sans réelles ambitions; Voilà 3 amis qui se sont rencontrés sur les bancs de la fac, à un moment de leur jeunesse où tous les possibles étaient devant eux ! Nina et samuel sortent ensemble mais les 3 compères partagent une amitié sans faille jusqu’à ce que Samir tombe lui aussi éperdument amoureux de Nina. La trahison fait exploser leur amitié et Nina choisit de rester avec Samuel grâce à un chantage au suicide de celui-ci…

Samir quitte donc Paris pour tenter d’oublier sa passion pour Nina et poursuit sa brillante carrière aux Etats-Unis en réinventant son histoire, ses origines afin de réussir à surmonter le racisme. Il emprunte le passé de son ami Samuel, son prénom, sa religion. 20 ans plus tard alors qu’il est au faîte de sa gloire, une interview de lui sur CNN est vue par  Samuel et Nina à Paris. Samuel qui a raté sa vie et est toujours en couple avec Nina décide de jouer un coup de poker pour relancer sa vie, savoir si Nina l’aime toujours. Il lui propose donc de reprendre contact avec Samir. Mais la découverte de l’usurpation de son identité change les relations, les mensonges vont éclater à la figure de tout le monde et provoquer des séismes ravageurs dans leurs vies à tous les 3 .

Karine Tuil ré-invente le trio amoureux, comme alibi, pour opérer une véritable échographie de notre société moderne avec ses ressorts et mécanismes de la réussite à tout prix, ses compromissions, ses faux semblants et ses mensonges nécessaire à la réussite sociale. Elle aborde tous les grands sujets de société dans une construction littéraire magistrale, la réussite vue de toutes les origines sociales, le racisme, l’assimilation, le corporatisme religieux, la sexualité débridée et le statut de la femme.

Nous avons entre le personnage de Samir et celui de Samuel, l’opposition entre le déterminisme et la victimisation de son histoire.

Tout y est dans ce roman mené tambour battant, avec une écriture riche mais aussi quasi cinématographique par moments. Le rythme précis et descriptif dans certains passages, s’accelère et devient quasiment haché à d’autres. Les notes de bas de pages sur les personnages annexes sont comme de mini biographies qui ajoutent au côté « cinématographique » du livre .

A partir de la moitié du roman tout s’accélère et il devient complètement impossible de la lâcher, on est littéralement happé par le besoin de savoir où vont nous conduire les personnages.

Alors certes, il y a des excès dans certaines situations parfois peu crédibles, mais cela importe peu, la connaissance des ressorts de l’âme humaine de Karine Tuil dans notre société est implacable.

Le passé, sa propre histoire, ses origines, on peut toujours essayer de les renier, tôt ou tard ils viennent vous rattraper en boomerang dans la figure.

Ce livre va certainement avoir un grand succès mérité auprès des libraires, de la presse et des lecteurs. Je viens d’ailleurs de lire qu’il faisait parti de la première sélection du prix Goncourt, il a de bonnes chances de réussite.

Editions Grasset, Août 2013, 493p.

Note : 5/5

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