« Instinct primaire » de Pia Petersen- Rentrée littéraire 2013

« Instinct primaire » de Pia Petersen- Rentrée littéraire 2013

images-2 » Quand tout a été dit sans qu’il soit possible de tourner la page, écrire à l’autre devient la seule issue. Mais passer à l’acte est risqué. Ainsi après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Ecrire une lettre, une seule, c’est s’offrir le point final, s’affranchir d’une vieille histoire. « C’est ainsi que Claire Debru directrice de la collection « Les affranchis »où est publié ce texte,  explique la ligne directrice donnée à ses auteurs.

Ici Pia petersen, rédige la lettre d’une femme écrivain, à son amant, son grand amour. Ils se sont séparés brutalement, sur un malentendu qui ne sera révélé que dans les dernières lignes, sans jamais s’expliquer par la suite. Cette lettre est l’occasion pour cette femme de revenir sur leur relation et de tenter de donner son explication, sa vision de leur amour et ses motivations profondes.

C’est l’histoire d’une femme qui aime profondément un homme déjà marié et est heureuse dans cette situation. Mais c’est aussi l’histoire d’un homme qui veut épouser sa maitresse, lui faire des enfants, rentrer dans le moule social. Alors que pour elle les sentiments profonds se suffisent à eux-mêmes.

« Le mariage c’est signer un contrat dans lequel il est stipulé qu’il ne faut plus jamais tomber amoureux de quelqu’un d’autre. Est-ce que l’on a si peur de perdre l’autre que l’on soit obligé de lui mettre un contrat autour du cou ? Jamais je n’ai imaginé t’enchaîner à moi par peur de te perdre. »

Cette lettre est l’occasion pour l’auteur de faire une réflexion sur la relation amoureuse et ses différentes facettes sous le regard des autres, sur la difficulté de résister aux diktats et a priori sociaux, sur la liberté de vivre et penser différemment.J’ai vraiment beaucoup aimé la première moitié du livre, qui décrit parfaitement cet état amoureux idéal, où le désir de propriété sur l’autre n’existe pas, où seul le partage, la complicité sont importants.

La deuxième partie du livre traite du sujet sensible de  la liberté des femmes à choisir de ne pas avoir d’enfants. Et surtout à comprendre comment se définit la femme aujourd’hui, en fonction de quels critères dans la société actuelle. La femme doit elle obligatoirement être mère et être mariée pour avoir un statut crédible ? Cette partie intéressante m’a paru néanmoins un peu trop longue avec beaucoup de redites.

Ce livre se dévore et ne laissera personne indifférent, qu’il gêne, agace ou emballe le (la) lecteur (trice). La réflexion qu’il suscite est intelligente et nécessaire.

A lire !

Nil Editions, Octobre 2013, 107p.

Note: 4/5

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