« El Ultimo lector » de David Toscana

« El Ultimo lector » de David Toscana

images-28Voici encore un livre comme je les aime, loufoque, déjanté, jubilatoire, cocasse, bref qui sort de l’ordinaire des romans actuels.

Il faut dire que c’est un roman mexicain et que la littérature sud américaine est connue pour être dégagée des oeillères de la littérature européenne, dans les thèmes mais également dans le style .

El Ultimo lector ne fait pas exception, c’est un livre qui nécessite une certaine concentration mais quel bonheur quand on se laisse porter par l’écriture et la verve de l’auteur qui m’a fait penser à Gabriel Garcia Marquez.

L’histoire est celle d’un tout petit village mexicain, Icamole, perché sur le mauvais côté de la montagne, celui où il ne pleut jamais, celui où sévit la sécheresse.

Un jour, un paysan, Rémigio, le seul qui a encore un puits avec de l’eau, découvre en son fond le corps d’une fillette inconnue.

Dans le contexte historique du village, cette découverte le terrorise, il craint qu’on le désigne coupable de ce meurtre. Il fonce donc voir son père Lucio, le bibliothécaire du village pour lui demander conseil.

Cette enquête pour trouver l’assassin de cette petite fille n’est qu’un prétexte, en fait les personnages principaux sont Lucio le truculent bibliothécaire improbable d’un minuscule village où personne ne lit et la littérature elle même !!!

Lucio, qui a été nommé bibliothécaire par hasard grâce à une mesure culturelle gouvernementale, s’est pris au jeu et ne vit que pour ses livres, même depuis que la Région lui a retiré tout subside et lui a intimé l’ordre de fermer la bibliothèque faute de lecteur.

« Lucio envoya une lettre pleine de colère aux autorités de l’Etat, déclarant que si l’eau est d’autant plus nécessaire en plein désert, comme la médecine l’est à la maladie, les livres sont d’autant plus indispensables là où ne personne ne lit .  »

Lucio a une conception bien particulière de la sélection de livres à intégrer dans sa bibliothèque et de la censure, les livres qui ne lui plaisent pas selon des critères très personnels sont donnés à manger aux cafards dans une pièce dédiée.

A l’occasion d’un symposium de bibliothécaires dans la capitale régionale voici une de ses remarques :  » Un spécialiste avait expliqué la manière de ranger les livres selon le sujet, la date de publication… Jamais il n’avait parlé de séparer les bons livres des mauvais.  »

Il fustige la littérature formatée américaine, occidentale qui perverti le lecteur.

Et c’est donc tout naturellement que les conseils qu’il donne à son fils afin de gérer le problème du corps et la recherche du coupable, il les trouve dans la littérature et notamment dans l’histoire d’une petite fille Babette issue d’un roman français qu’il affectionne.

Il faut préciser que, sur la forme, l’auteur passe de la narration de l’histoire à la citation d’extraits de livres de la bibliothèque de Lucio sans aucune précision de ponctuation ou de mise en page. Ce qui fait qu’au début , on peut être un peu perdu, ne pas savoir si on est dans l’histoire ou dans les livres de l’histoire. Mais finalement, rapidement on s’habitue et ça fait partie du charme et de l’objet de ce livre… tout est romanesque, tout est littérature.

Il faut juste lâcher prise sur ses réflexes habituels et se laisser porter par le charme indéniable de cette langue.

A lire !!!

Ed. Grasset, 2009, 214p.

Note: 5/5

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